Vers une baisse du remboursement des somnifères ?
Grands consommateurs de médicaments, les Français plébiscitent notamment les somnifères puisqu’ils sont 4 millions à les utiliser. Mais selon la Haute Autorité Santé, l’intérêt thérapeutique des plus populaires d’entre eux, les benzodiazépines, serait limité. Elle préconise donc de réduire le remboursement de 65 % à 15 %, ainsi que de limiter la dose et la durée du traitement, à prescrire plutôt en seconde intention.
La HAS recommande de réduire le taux de remboursement des benzodiazépines en raison de leur intérêt thérapeutique limité.
Accrocs au benzo les Français ? Sans nul doute oui, puisqu’un récent rapport de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) avait mis en évidence une hausse de la consommation de
benzodiazépines en 2012 ; selon les chiffres communiqués, environ 11,5 millions de Français, soit environ un Français sur 6, avaient consommé au moins une fois une benzodiazépine en 2012, dont 7 millions un anxiolytique et 4,2 millions un
somnifère.Un intérêt thérapeutique limité pour les benzodiazépines
Or, d’après Commission de la Transparence (CT) de la HAS, ces médicaments auraient un intérêt thérapeutique limité. En effet, le plus souvent, ces médicaments sont consommés sur une longue période, des semaines, voire des mois, au lieu des 4 semaines normalement préconisées : résultat, une efficacité moindre, une augmentation des effets délétères (somnolence diurne, troubles de la mémoire, chutes – la plupart des consommateurs étant des personnes âgées, une moindre vigilance peut conduire à des chutes plus ou moins graves et donc à des accidents) et la possible apparition d’une dépendance.
Aussi, “ce constat devrait entraîner une diminution du taux de remboursement à 15%, contre 65% auparavant. La Commission recommande une prescription à la plus faible dose et pour la plus courte période possible, en seconde intention après échec des thérapies cognitivo-comportementales“ note la HAS dans son communiqué.Privilégier les thérapies non médicamenteusesLa CT a revu à la baisse le service médical rendu des benzodiazépines hypnotiques et produits apparentés suivants :
estazolam (
NUCTALON®),
loprazolam (
HAVLANE®),
lormétazépam (
NOCTAMIDE®),
nitrazépam (
MOGADON®),
témazépam (
NORMISON®),
zolpidem (
Stilnox®),
zopiclone (
IMOVANE®) et leurs génériques, dans le cadre de la prise en charge des troubles sévères du sommei.Pour mettre fin à cette consommation longue durée peu efficace et potentiellement dangereuse, la CT recommande des règles de bon sens : avant tout traitement médicamenteux, mieux vaut privilégier des règles élémentaires d’hygiène du sommeil (pas d’excitants avant le coucher, limiter les écrans, etc.) et le recours aux thérapies cognitivo-comportementales. “La prescription d’hypnotiques devrait être envisagée seulement en cas d’échec et pour une courte période“ rappelle la HAS.Un plan d’action pour lutter contre la surconsommation
Hélas, comme le signalait déjà le rapport de l’ANSM publié en janvier dernier, les principaux responsables de ce mésusage des somnifères sont les médecins généralistes, à l’origine de 90 % des prescriptions.
Pour contrer ce phénomène pas si nouveau, un plan d’action concerté entre la HAS, l’ANSM et la Direction générale de la santé (DGS) est mené depuis 2012. L’objectif ? Promouvoir une utilisation réduite de ces médicaments auprès des pharmaciens et des médecins. Mais rien n’empêche les consommateurs de devenir acteurs de leur santé en demandant plus d’informations aux professionnels de santé.Yamina SaïdjSource : Benzodiazépines hypnotiques au long cours : un intérêt thérapeutique limité, communiqué de la Haute autorité de santé, 24 juillet 2014Click Here: All Blacks Rugby Jersey