« Je ne vais plus me prendre la tête », reverra-t-on Pinot jouer la gagne sur le Tour de France ?

Thibaut Pinot a annoncé qu’il renonçait à disputer le Tour de France 2021.Aligné sur le Giro, il veut retrouver du plaisir sans forcément tout miser sur le classement général.Si le grimpeur tricolore promet qu’il reviendra sur le Tour, on le sent de moins en moins disposé à se battre pour la gagne. 

Thibaut Pinot a arrêté de se mentir à lui-même, et tant pis si les autres continuent de se raconter des contes de nourrice dans leur coin. A commencer par son manager Marc Madiot et ses emportements gaulliens, qui nous manqueraient s’ils n’existaient pas, même sur un plateau télé du Loto de TF1 lugubre comme une morgue moscovite. Le boss de la Groupama-FDJ et son leader des cœurs y présentaient la saison à venir de la meilleure équipe française du peloton.

Le Giro dans une nouvelle optique

Pas de Pinot sur le Tour de France, on s’en doutait, mais toujours la foi céleste de son manager, qui imagine son champion escaladant le panthéon tous les matins au réveil : « Evidemment que Thibaut a le potentiel pour gagner le Giro ! Quand vous avez la chance de le côtoyer au quotidien, Pinot c’est tout sauf ce qu’on dit sur lui. S’il y a un mec qui aime se faire mal à la gueule c’est lui. Il n’a pas toujours les mots pour le dire mais il a beaucoup de choses que d’autres n’ont pas, c’est l’engagement. Il donne 100 % de ce qu’il a, et ça mérite le respect ».

Le Franc-Comtois écoute d’un air distrait, l’air du type qui est passé à autre chose. Alors, il met les formes pour un temps. « Le maillot Rose, c’est le plus beau à aller chercher après le maillot Jaune ». « J’ai besoin de faire un grand Giro pour revenir plus fort sur le Tour de France 2022 ». Il suffit pourtant de creuser un peu pour voir que le garçon est aussi franc qu’un âne qui recule.

« Quand c’est la galère, le Tour c’est le pire endroit où on a envie d’être »

Si Pinot s’était un moment persuadé que le vélo lui en devait une après son abandon de 2019 à faire chialer, le chemin de croix du Tour 2020, achevé sans le savoir sur le bitume délavé de Nice, semble l’avoir ébranlé plus profondément. « Le Tour de France, quand on est au top, c’est le rêve. Mais quand c’est la galère, c’est le pire endroit où on a envie d’être. En septembre, je n’avais qu’une envie c’était d’aller me cacher tous les soirs après l’étape ». Le plus beau jour de sa saison ? Quand Madiot a réussi à faire avaler aux sponsors son absence pour l’édition 2021, au profit d’un attelage Démare-Gaudu affriolant sur le vélo, mais moins vendeur auprès du grand public.

« Oui, c’était un soulagement de savoir que ma décision avait été acceptée malgré des intérêts divergents, concède Pinot. Après mes deux derniers Tours compliqués, j’avais besoin d’un nouveau programme ». Le refuge du Giro, la seule course qu’il daigne regarder à la télé quand il ne s’occupe pas de traire une chèvre ou de finir une partie de pétanque à la fraîche. Moins pour échapper à la pression médiatique que pour retrouver du plaisir à exprimer un talent trop souvent empêché, jure-t-il. On sent quand même que les critiques sur sa fragilité physique le barbent, même si les ragots sont souvent à la hauteur des attentes, avec lui.

Vers une fin de carrière en électron libre ?

« J’ai 30 ans et quand j’entends certaines choses qu’on dit encore sur moi… Depuis le temps j’ai compris qu’on parle beaucoup à ma place ». Rectifions, donc, puisqu’il est là. Pinot s’est forcé pendant deux ans à jouer ce rôle du successeur de Bernard Hinaut, ou du moins celui qui veut y prétendre. Il n’a plus envie. Plus envie de frotter dans le peloton chaque minute qui passe pour éviter une bordure, un coup de calgon, n’importe quoi. Plus envie de « courir au millimètre », seulement retrouver le sentiment aventureux de la vie.

Madiot peut raconter ce qu’il veut, mais cela ressemble à un adieu poli au classement général, tel qu’on l’entend chez les cadors. Y compris sur une course plus assagie comme le Giro, où on a presque le temps de regarder les oliviers sur les routes de bord de mer. « Je ne vais plus me prendre la tête, je vais essayer de laisser parler mon envie sans me mettre la pression. Ça a mieux marché sur certains grands Tours où j’y allais un peu sans savoir, comme sur le Tour en 2014 ou sur la Vuelta en 2018 ». Pinot se sent obligé de préciser « qu’il n’est pas du genre à se relever et perdre 30 minutes ». Manquerait plus que ça.

« Je ne vais plus me prendre la tête »

La part de bluff là-dedans, maintenant. Elle dépendra sûrement de son comportement en Italie, où il pourrait retrouver un autre revanchard, le Colombien Bernal. D’ailleurs, le meilleur grimpeur tricolore n’a rien coché dans son programme après le mois de mai. Les JO « le font rêver », bien sûr, quelques classiques font envie en chemin, peut-être un Liège d’ici la retraite… Une carrière entre-deux en somme.

Projeter l’illusion d’un vainqueur de Grand Tour encore quelque temps, ou chasser les courses et les étapes de prestige. Dans trois mois, on sera fixés, sans savoir ce qu’il faut souhaiter au juste au coureur le plus attachant de sa génération. Enfin si, mais c’est une manière de se protéger, nous aussi, d’une nouvelle addiction. Le fol espoir de juillet, on a déjà beaucoup donné.

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