« The Sparks Brothers »: « On avait un projet avec Tim Burton mais il est tombé à l'eau »
Ils s’appellent Russell et Ron Mael. A la fin des années 1960, les deux frères californiens ont fondé le groupe Sparks, dont Queen, notamment, a fait la première partie, et auquelle documentaireThe Sparks Brothers d’ Edgar Wright rend hommage au cinéma.
Les revoilà sur le devant de la scène à 75 et 72 ans. C’est à eux qu’on doit l’histoire et la partition d’Annette de Leos Carax, chantée par Marion Cotillard et Adam Driver. Et le documentaire qui sort en salle offre l’occasion à Russell, prolixe avec ses cheveux noir de jais, et à Ron, moins bavard avec sa petite moustache, de se confier à 20 Minutes quelques jours avant de se rendre à Cannes où Annette a été récompensé par le prix de la mise en scène.
Click Here: new zealand warriors rugby storeLe cinéma, c’est important dans votre carrière ?
On est cinéphiles depuis notre enfance et il est certain que certaines de nos chansons, comme This Town Ain’t Big Enough For The Two Of Us, découle de notre passion pour le 7e Art. Nous l’avons conçue comme un film sans image mais elle fait, bien évidemment, référence aux westerns que nous adorons. On a aussi sorti un album inspiré par Ingmar Bergman en 2009. C’était une comédie musicale qu’on a jouée en Suède et à Los Angeles et qu’on aurait bien aimé monter à l’écran. Le cinéma est comme une seconde nature pour nous.
Avant de vous voir dans « Annette », on a pu vous découvrir en personne dans « Le Toboggan de la mort » en 1977 ?
C’est dingue que les gens se souviennent encore de ce film catastrophe de James Goldstone. Nous y incarnons notre propre rôle et jouons sur la scène d’un parc d’attractions où sévit un tueur fou qui pose des bombes sur les montagnes russes. A l’époque, on pensait vraiment que ce serait une série B parmi tant d’autres. C’est devenu un classique du genre dont on nous parle souvent ! Alors, on s’amuse à frimer en disant qu’on a joué dans un film avec Richard Widmark et Henry Fonda, têtes d’affiche que nous n’avons jamais rencontrées !
Quelles ont été vos plus belles rencontres de cinéma ?
Leos Carax et Edgar Wright sans aucun doute ! Tous deux nous ont refait vivre des rêves de cinéma. Leos a donné vie à notre Annette alors qu’à notre âge, nous ne pensions plus qu’elle verrait le jour. Il avait utilisé notre chanson How Are You Getting Home ? dans Holly Motors et on l’a contacté pour lui proposer Annette. Il a tout de suite compris que nous voulions faire une sorte d’anti La La Land, à savoir une tragédie musicale et cinématographique. De son côté, Edgar Wright nous a offert ce magnifique documentaire, un hommage si vibrant que nous n’aurions jamais osé l’espérer. La passion de ces deux-là pour notre musique est un présent inattendu et inestimable.
Votre collaboration la plus frustrante avec un cinéaste ?
Tim Burton ! Nous avions un projet avec lui à la fin des années 1980. C’était une adaptation du manga Mai, The Psychic Girl. Tout semblait marcher comme sur des roulettes, mais le film est tombé à l’eau quand Tim s’est lancé dans la production de L’Etrange Noël de M. Jack. C’est râlant car les chansons sont écrites. Il a été question que Tim Burton se réintéresse à l’affaire mais nous n’y croyons plus guère. A moins qu’Annette ne nous rappelle à son bon souvenir…
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Le cinéaste avec lequel vous auriez aimé travailler ?
Jacques Tati. On est fans de ses films et de leur poésie burlesque qui correspond si bien à notre univers. En 1974, on était en contact pour un projet en commun baptisé Confusion , mais il n’a jamais trouvé le budget pour que cela puise se faire. Il souhaitait nous confier les rôles principaux du film. On se comprenait parfaitement bien malgré nos origines très différentes. Le cinéma et la musique sont des langages universels. On compte continuer à mêler les deux. On a d’ailleurs plein de projets, parmi lesquels notre retour sur la scène du Casino de Paris le 19 avril 2022.